Un Airbus A380 est cloué au sol jusqu'à nouvel ordre à l'aéroport de Patis-Vatry. Cet avion, transportant plus de 300 passagers indiens, devait faire une escale technique jeudi 21 décembre dans cet aéroport. Parti des Émirats arabes unis, sa destination finale devait être Managua (Nicaragua).
Durant cette escale, à la demande de l’autorité judiciaire, la Brigade de Gendarmerie des transports aériens (BGTA) est intervenue et l’appareil a été immobilisé. Depuis l’avion de la compagnie aérienne roumaine, Legend Airlines n’a pas redécollé.
Soupçon de traite d’êtres humains
Les autorités soupçonnent que des victimes d'un trafic de traite d'êtres humains se trouvent parmi les passagers, a expliqué le parquet de Paris, ajoutant que c'est un renseignement anonyme qui a alerté les autorités.
À bord de l’avion se trouvent 303 passagers de nationalité indienne, dont « quelques » enfants, selon la préfecture. 13 mineurs non-accompagnés figurent parmi ces passagers, a précisé la protection civile du département, expliquant que l'âge de ces mineurs allait « d'un bébé de 21 mois à un adolescent de 17 ans ».Les voyageurs ont été pris en charge par des bénévoles, la gendarmerie et les pompiers marnais. Ils ont passé la nuit de vendredi à samedi dans une zone spécialement créée dans l’aéroport confiné.
Le pilote et le copilote en garde à vue
Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris, notamment pour déterminer s'il s'agit de passagers clandestins et faire le point sur leurs conditions de transports. Les investigations sont menées par la Junalco (Juridiction Nationale de Lutte contre la Criminalité Organisée).
Des auditions et des vérifications d'identité sont menées conjointement auprès des 303 passagers et du personnel navigant par la Direction nationale de la police aux frontières (notamment l’OLTIM, l'office de lutte contre le trafic illicite de migrants), la gendarmerie des transports aériens, et les Brigade de recherche de Vitry-le-François.
Selon nos informations, le pilote et le copilote ont été placés en garde à vue pour « vérifier et corroborer le soupçon de traite des êtres humains en bande organisée », un crime passible de vingt ans de réclusion criminelle et de trois millions d'euros d'amende, a précisé le parquet.
La compagnie aérienne nie toute implication
Sur BFMTV, ce vendredi, Liliana Bakayoko, l'avocate de la compagnie aérienne roumaine, Legend Airlines, a affirmé que la compagnie n'avait « rien à voir avec les accusations qui sont soulevées ». « Elle n'est accusée de rien, ni les membres de l'équipage, ni la compagnie aérienne », a justifié l'avocate. Legend Airlines « intervient en tant que transporteur », a-t-elle expliqué.
Selon l'avocate, la compagnie aérienne a vérifié « la conformité des documents présentés par le client, qui doit démontrer que ces personnes ont le droit d'aller au Nicaragua, ont des passeports valides ». Legend Airlines est prête à « coopérer dans la mesure du possible avec les autorités françaises », a t-elle conclu.
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Le préfet de la Marne et l’ambassade indienne sur place
« L'ambassade a obtenu l'accès consulaire. Nous étudions la situation et veillons au bien-être des passagers », a indiqué l'ambassade d'Inde en France sur X, ex-Twitter.
La loi prévoit que s'il arrive en France par avion et que l'embarquement vers son pays de destination lui est refusé, un étranger peut être maintenu en zone d'attente pendant quatre jours maximum par la police aux frontières.
Une immense procédure judiciaire se met en place pour décider de l'avenir de ces hommes et femmes confinés depuis ce jeudi. Demain, dimanche 24 décembre, dès 9 heures, plus d'une centaine d'audiences de présentation débutera dans l'aéroport de Vatry. Elles se dérouleront devant un juge des libertés et de la détention.