L'annonce du Conseil départemental de la Haute-Marne qui envisage d'abattre 4 000 arbres pour des raisons de "sécurité routière" a suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux. Entre mobilisations citoyennes et critiques des associations, la mesure interroge sur la conciliation entre sécurité et préservation de l'environnement.
La nouvelle de l'abattage massif d'arbres le long des routes de la Haute-Marne a provoqué une onde de choc sur les plateformes numériques. Dès l'annonce, un groupe Facebook nommé "Les arbres des routes en Haute-Marne" a vu le jour, rassemblant en quelques jours plus de 1 500 membres indignés. Les commentaires sarcastiques tels que "ce sont les arbres qui traversent la chaussée sans regarder" témoignent de l'incompréhension et du mécontentement général.
Légalité et impacts environnementaux en question
La mobilisation ne s'est pas limitée aux réseaux sociaux. Une pétition lancée le 11 février a rapidement recueilli plus de 2 000 signatures, approchant son objectif de 2 500. Ce mouvement d'opposition souligne le fossé entre la décision du Conseil départemental et la volonté de préservation de l'environnement exprimée par la population.
Les critiques ne se limitent pas à l'aspect sécuritaire de la mesure. Des voix s'élèvent pour remettre en question la légalité de cet abattage massif au regard de l'article L350-3 du Code de l'Environnement, qui protège les alignements d'arbres. Des experts et des associations environnementales, dont Allées-Avenues et l'Association pour la protection des arbres en bord des routes, mettent en avant l'absence de corrélation directe entre la présence d'arbres et le nombre d'accidents mortels, contrairement aux arguments avancés par le département.
« C’est une réalité : malheureusement, on se tue contre les arbres, contre des murs, contre des fossés, réagit auprès de Reporterre Chantal Pradines, déléguée générale de l’association Allées-Avenues / Allées d’avenir. Mais quand on compare les départements entre eux, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de corrélation entre la présence d’arbres et le nombre de tués. Il y a des départements très riches en arbres d’alignement où on circule beaucoup plus en sécurité que dans d’autres où il y en a très peu. »
Des réactions nationales
Le sujet a également capté l'attention des médias nationaux et des personnalités publiques. Le reporter écolo Hugo Clément et le défenseur des arbres Thomas Brail ont exprimé leur désaccord, tandis que des associations telles que 40 millions d'automobilistes soulignent le rôle bénéfique des arbres dans la prévention des accidents de la route.
Le président de la LPO Champagne-Ardenne a critiqué l'absence de consultation des associations locales, invité récemment dans notre émission 15’INFO. Il a exprimé son désarroi face à cette mesure qu'il considère comme une erreur grave.
« Nous nous investissons au quotidien dans la restauration de la biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique. Notre action sur le terrain vise à améliorer les écosystèmes, à travers des initiatives telles que la plantation de haies ou l'aménagement de mares. Cette décision d'abattage envoie un message très négatif, à un moment où l'urgence écologique devrait nous pousser à renforcer, et non à diminuer, nos efforts de préservation. Nous ne cherchons pas à nous opposer systématiquement, mais plutôt à collaborer et à progresser ensemble vers des solutions durables », a-t-il déclaré, soulignant la volonté de son association de travailler de concert avec les autorités pour favoriser la protection de l'environnement.
Le Département répond à la critique
Confronté à une vague de mécontentement sur les réseaux sociaux concernant la décision d'abattre des arbres, Nicolas Lacroix a pris la parole pour clarifier la situation. Lors d'une intervention sur BFMTV, il a souligné que le plan initial avait été mal interprété. « Il est important de corriger certaines idées fausses. Ce que nous envisageons, ce n'est pas l'abattage systématique de 4 000 arbres, mais plutôt un examen approfondi de ces arbres le long de notre réseau routier principal », a-t-il précisé. De ce fait, « seuls les arbres identifiés comme malades ou représentant un risque pour la sécurité publique seront retirés, conformément à la législation en vigueur », a-t-il ajouté. Pour dissiper toute ambiguïté, une conférence de presse est prévue ce vendredi au Conseil départemental de la Haute-Marne pour expliquer en détail l'application de ce plan. Selon nos informations, des initiatives citoyennes pourraient être organisées en réaction aux annonces qui seront faites.