Le 28 janvier dernier, le magasin a définitivement fermé ses portes, mettant fin à une longue période d’incertitudes pour les salariés. L’histoire avait débuté le 1ᵉʳ juillet 2024 avec le rachat officiel du magasin pour un euro symbolique. Pourtant, dès le mois d’août, les difficultés apparaissent : le 23 août marque le dernier réapprovisionnement en marchandises et le dernier mois où les employés perçoivent un salaire complet.
Pendant plusieurs mois, la situation se détériore progressivement sans que les employés n’en soient informés. Ce n’est qu’en novembre que l’affaire éclate publiquement, attirant l’attention des médias et des autorités.
Un magasin à l’abandon et des salariés sans ressources
Les images tournées début décembre sont éloquentes : des rayons vides, plus de produits frais, de viande, de fruits et légumes. Le magasin est déserté par les clients, et les employés se retrouvent sans travail et sans revenus.
Après la diffusion de ces images, l’affaire prend une ampleur nationale. Il s’avère que la propriétaire du magasin, Imène Aoufi, possède cinq autres magasins en France, dont quatre Leader Price (deux dans l’Oise, un dans le Puy-de-Dôme et un dans la Marne) ainsi qu’un Spar en Seine-et-Marne. Le problème ne concerne donc pas uniquement Saint-Dizier.
Mobilisation et entraide locale
Face à la situation critique des employés, la mairie de Saint-Dizier décide de réagir en leur apportant une aide via la Petiote Épicerie et un soutien financier de la Croix-Rouge et du Centre Communal d'Action Sociale (CCAS), qui leur accorde 30 euros par semaine. Lors du conseil municipal de décembre, le maire prend la parole pour exprimer son soutien aux salariés.
Mi-décembre, ne voyant aucune amélioration, les employés passent à l’action : à l’approche de Noël, ils organisent une collecte de fonds devant la mairie. Pour beaucoup, cela fait plusieurs mois qu’ils ne sont plus payés, certains n’ayant perçu que 500 euros en septembre ou en octobre.
Lueur d’espoir avec "Miamland City"
Un événement semble raviver l’espoir : juste avant Noël, le magasin change d’enseigne et devient "Miamland City". Pour la première fois depuis des semaines, des marchandises arrivent en rayons et les employés reçoivent une prime de 1 000 euros.
Mais cet espoir est de courte durée. Le 30 décembre, une commission de sécurité intervient dans le magasin pour vérifier la conformité des équipements de sécurité incendie et d’évacuation. Cette visite, demandée par la mairie de Saint-Dizier, révèle plusieurs mises aux normes à effectuer dans des délais très courts. Dès début janvier, la menace d’une fermeture administrative se profile.
Mobilisation syndicale et décision finale
Pour faire pression, le Collectif citoyen 52 et la CGT organisent des manifestations devant le magasin, puis devant la salle des Fuseaux lors des vœux du maire. Finalement, le 28 janvier, la décision tombe : le magasin ferme définitivement ses portes. La société propriétaire du magasin est placée en liquidation judiciaire, conséquence directe d’une procédure lancée par les salariés fin 2024.
Si la fermeture marque la fin d’un feuilleton éprouvant, elle laisse place à une période d’incertitude pour les salariés, à l’image d’Angélique, qui travaillait depuis 27 ans dans ce magasin. "C’est la fin d’une aventure et le début d’une reconstruction difficile", confie-t-elle. Les démarches administratives engagées devraient leur permettre de percevoir leurs soldes de tout compte et une partie de leurs salaires dans les semaines suivantes. En attendant, la mairie s’engage à accompagner les salariés dans leur reconversion.
Quel avenir pour le magasin et le quartier ?
Le magasin étant fermé, la question de son avenir se pose. Le quartier de la Noue se retrouve orphelin d’un commerce de proximité. Plusieurs repreneurs potentiels se sont manifestés ces derniers mois, mais le liquidateur reste prudent avant toute nouvelle reprise.
Quant à la propriétaire, Imène Aoufi, elle n’a jamais répondu aux sollicitations des journalistes. De son côté, Miamland, grossiste ayant tenté une première expérience en franchise avec ce magasin, se montre tout aussi silencieux. En janvier, l’enseigne espérait encore trouver une issue favorable, mais sans succès.
Le dossier de l’ex-Leader Price de Saint-Dizier est donc clos, mais laisse derrière lui des salariés en difficulté et un quartier en quête d’un nouveau souffle. L’avenir du site reste incertain, en attendant un éventuel repreneur qui pourra redonner vie à ce commerce essentiel pour les habitants.