À 99 ans, un ancien combattant reçoit la Légion d'honneur à Vitry-le-François

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Histoire & Patrimoine
Vitry-le-François

À l'occasion des 80 ans du débarquement, la Légion d’honneur porte ses nominations en faveur des combattants de la guerre 1939-1945. Parmi eux figure le Vitryat Jean Gragnano, âgé de presque 100 ans. Mais connaissez-vous l’histoire de ce héros de la Seconde Guerre mondiale, resté longtemps dans l’ombre ?

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Jean Gragnano fait partie des derniers combattants de la Seconde Guerre mondiale encore en vie à ce jour. Pour les 80 ans du débarquement, la Légion d’honneur est décernée en faveur des anciens combattants de cette guerre. C'est à l’âge de 99 ans que Jean recevra cette récompense distinguée, ce dimanche 26 janvier à Vitry-le-François. 

Fils d’un militant italien

La Légion d’honneur n’est pas la première médaille pour Jean. En 2022, il avait été mis en lumière par le préfet de la Marne en étant décoré de la Croix du combattant volontaire pour son courage lors de la deuxième guerre. Une première dans le département depuis 25 ans. Pourtant, rares sont ceux qui connaissent réellement l’histoire de cet homme.

Né le 2 septembre 1924 à Lyon, Jean Gragnano est le deuxième d’une fratrie de six enfants. Antoine, son père, était un immigré italien et militant antifasciste napolitain, vétéran de la Grande Guerre. En 1922, ce dernier a fui le régime de Benito Mussolini pour se réfugier en France. Puis, il a fondé un garage à Juan-les-Pins dans les Alpes-Maritimes. Jean a grandi, baigné par l'engagement militant de son paternel et cela a eu son importance à l’avenir. 

Engagé dans la Résistance

À sa majorité, Jean Gragnano s’engage dans la marine, mais en 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate. Jeune homme à l’époque, il rejoint Toulon en vue de son incorporation. Cependant, Jean est témoin d’un événement, il assiste impuissant, alors qu’il est encore vêtu de simples habits de civils, à la capture des marins français par les troupes nazies. Suite à cet événement, Jean parvient à rentrer chez lui, mais la situation s’aggrave et le jeune homme refuse de rester inactif face à la situation. 

Le jeune marin décide alors de suivre l’exemple de son père et de devenir tourneur.  Quelques années plus tard, en 1942, il obtient son brevet de compagnon et intègre, la même année, le réseau de résistance BUCKMASTER dans le secteur de Cannes en tant que franc-tireur et partisan. Sa mission concerne le renseignement et la protection des familles juives. Il participe à un vaste réseau de caches, notamment des enfants recherchés. 

Plus tard, son père et son frère aîné le rejoignent au sein de BUCKMASTER, mais être intégré dans un réseau clandestin reste un risque de chaque instant. Le 8 avril 1944, Jean est victime d’une dénonciation, il est arrêté avec son père par la Gestapo et conduit à l'hôtel Mont-Fleury de Cannes, devenu le théâtre des exactions de l’organisation.

Après avoir été interrogés et surtout torturés, Jean et son père sont finalement relâchés par la Gestapo. Il rejoint la Corrèze et le village de Saint-Exupéry des Roches et remet en place les filières du réseau BUCKMASTER. De nombreux enfants sont arrivés au même moment en Corrèze où ils ont demeuré en sécurité jusqu’à la Libération.

En parallèle, Jean intègre le réseau de francs-tireurs et partisans français (FTPF) sous le nom de guerre « Négus ». Il opère dans la surveillance et le sabotage des voies ferrées. Lors du débarquement de Provence, il est réquisitionné pour le transport de ravitaillement. 

Un tour dans l’armée de l’air

Après la Libération, Jean continue de s’engager dans la guerre, mais cette fois, dans l’armée de l’air. Précisément au Centre d’essais en vol d’Orange où il pilote le premier avion de chasse doté d’un moteur à réaction de l’histoire de l’aviation. En effet, l’armée française avait récupéré un exemplaire du Messerschmitt ME 262. Durant plusieurs mois, il est spectateur des essais français du ME 262 et assiste donc aux prémices de la naissance de l’aviation de chasse à réaction française. 

La vie après la guerre

Après la guerre, Jean a poursuivi sa carrière professionnelle comme tourneur en région parisienne où il y a construit sa vie de famille avec sa femme et ses deux enfants. Quelque temps plus tard, il perpétue le « devoir de mémoire » auprès des collèges et lycées des Yvelines et du Var. En 2009, Jean s'installe à Vitry-le-François et devient porte-drapeau de l’association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR) de la ville. 

Une fonction qu’il assure encore aujourd’hui à son âge avancé.

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Publié le
24/1/2025
à
12:48
Modifié le
24/1/2025
à
12:48

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Direct rédigé par
Janyce Gallard

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