« On nous a promis monts et merveilles… Aujourd’hui, on nous jette. » Ces mots résument le sentiment qui règne chez les salariés de l'usine API Tech de Saint-Dizier. Depuis plusieurs semaines, une restructuration économique menace les 63 employés que compte l’entreprise. Une annonce faite mi-février qui plonge les travailleurs dans l'incertitude.
« Ils nous ont caché la vérité »
Dans l'atelier mécanique, les discussions tournent désormais autour des licenciements à venir. Dans leurs boîtes mails, les employés reçoivent régulièrement des précisions concernant le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE).
« Bonjour,
Vous trouverez ci-joint un document expliquant les différentes situations. Si vous partez volontairement avec le plan de départ volontaire, l’entreprise vous proposera d’adhérer au congé de reclassement et si vous y adhérez, vous bénéficiez des allocations dans les mêmes conditions qu’un licenciement dans le cadre du PSE. »
Mail reçu fin février par les employés
L'annonce du plan social a été un choc pour de nombreux salariés. « Ça a été dit à l’usine, c’est notre directeur qui l’a annoncé. On l’a appris rapidement, c’était brut. », raconte un employé que nous appellerons Jacques.
« On ne veut pas partir »
Pourtant, les signes d'un ralentissement étaient visibles depuis l'été 2024 selon certains : baisse de la production, réduction des équipes. Mais les salariés estiment ne pas avoir été informés des difficultés réelles de l'entreprise. « Ils nous ont caché la vérité. Ça faisait un moment que l’entreprise n’allait pas bien, mais on nous promettait monts et merveilles. Aujourd’hui, on est tristes et déçus. », confie un autre ouvrier. Lui aussi a souhaité rester anonyme.
L’usine, qui produisait jusqu'à 80 machines à pizza par mois, a progressivement ralenti la cadence, tombant à 45 puis fonctionnant uniquement à la demande. En conséquence, la plupart des ouvriers ne travaillent plus qu'une semaine par mois. « C’est la première fois qu’on chôme comme ça. On ressentait une baisse de production, mais on n’a jamais été alertés. », explique Jacques.
Pour certains, le groupe Mentor, maison-mère d'API Tech, a surproduit ces dernières années, accumulant aujourd’hui un stock estimé à 2 000 machines invendues. « J’aimerais bien rester, j’habite à 500 mètres de l’usine. On attend le verdict final. Si on n’est pas dans la liste, on aura peut-être gagné… »
Départs anticipés
Selon nos informations, le 19 mars marquera la fin des départs volontaires dans le cadre du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE).
Des documents internes consultés par nos soins montrent l'ampleur du plan social et les options limitées offertes aux salariés. Un document interne détaille les options proposées aux employés concernés.
- Départ volontaire avec prime :
- 2 mois de salaire pour ceux ayant entre 1 et 3 ans d’ancienneté,
- 3 mois entre 3 et 5 ans,
- 4 mois au-delà de 5 ans.
- Licenciement économique :
- Lettre de licenciement envoyée fin avril,
- Possibilité d’un congé de reclassement de 6 à 8 mois avec une allocation réduite à 70 % du salaire moyen.
Mais ces propositions sont jugées insuffisantes : deux mois de salaire d'indemnisation pour les plus récents, quatre mois pour les plus anciens. « J’avais fait mon petit plan de vie à Saint-Dizier… J’ai des factures qui tombent tous les mois, et pour l’instant, je ne suis pas licencié, mais c’est triste. », ajoute un autre employé.
Contactée par mail et par téléphone, la direction du site de Saint-Dizier n’a pour l’instant pas donné suite à nos sollicitations. Du côté des autres salariés, un sentiment d’amertume et de résignation s’est installé.