« La région reprend son destin et celui de ses routes », déclare Thibaud Philipps, vice-président de la région Grand Est  chargé des mobilités et des transports.

Depuis le premier jour de cette nouvelle année 2025, la Région Grand Est a récupéré la charge de certaines routes nationales. La RN 4 reliant l’Est de la France et la RN 44 vers Châlons-en-Champagne en font partie. Un total de 525 km d’axes routiers transférés par l’État à titre expérimental. « C’est une expérimentation fixée dans la loi qui va durer jusqu’au 31 décembre 2029 », précise-t-il.

Une récupération mûrement réfléchie

C’est en 2022, dans le cadre de la loi 3DS de décentralisation et de déconcentration des collectivités locales, que l’État a donné la possibilité aux régions de se porter candidates pour récupérer des routes nationales. La région Grand Est a sauté sur l'occasion. « C’est un sujet qu’on regardait depuis quelques années. Lorsqu'on a pu se positionner, on l’a fait », annonce Thibaud Philipps. 

C’est en 2023 que le ministère chargé des Transports a donné son accord à la région pour la récupération de la RN 44 et de la RN 4. « On a un panel de mobilité dans la région avec les trains ou les avions. La seule chose qui nous manquait, c'étaient les routes. Ça reste cohérent avec les compétences régionales ». Pour la région, reprendre ses routes était aussi primordial pour les remettre à niveau et en état. « Depuis des années, il y a un déficit assez chronique, on pense notamment au contournement de Saint-Dizier qui était à refaire, mais qui n’a pas été le cas », assure le vice-président. 

Des projets de travaux et de modernisation 

« On veut montrer qu’en passant d’une gestion nationale à une collectivité, on peut mieux faire », se réjouit Thibaud Philipps. Les axes routiers comme la RN 44 et la RN 4 vont être remis à jour et connaître certains changements. Cela passe par de nouvelles signalétiques ou des travaux de plus grande envergure. « On va pouvoir travailler sur des sujets qui durent depuis longtemps. » Les travaux auront des durées variables sur les prochaines années. Alors que certains sont encore en phase d’étude, d’autres sont un peu plus aboutis. 

La RN 4 va par exemple bénéficier de la mise en place d’une 2 × 2 voies de la section Gogney – Saint-Georges qui va pouvoir émerger dès cette année 2025. Un projet qui a pour but de fluidifier le trafic et d'améliorer la sécurité routière. Durant cette période, des déviations seront mises en place pour éviter les blocages, notamment dans la zone de Saint-Dizier.

Ce qui va demander le plus de temps et d’investissement, c’est la modernisation de la RN 44 entre Montcetz-Longevas et Châlons-en-Champagne. Le réseau routier sera remis à niveau pour une amélioration de la sécurité et une adaptation au trafic des usagers. Les études préparatoires sont encore en cours. L'objectif est la réalisation d’un échangeur et l’élargissement de la route 2 × 2 voies. Les travaux sont prévus pour 2027. « La loi nous permet d’avoir à disposition les agents de la DIR », explique Thibaud Philipps. « On bénéficie de tous les services opérationnels qui vont sur les routes et on passe des marchés publics avec des entreprises spécialisées pour avoir la meilleure expertise ». 

Un budget de 90 millions d’euros

Depuis 2024, la région a dédié un budget spécifiquement pour les routes, séparé du budget général. En fin d’année 2024, le Grand Est a voté un budget de 90 millions pour la RN 4, la RN 44 et l’A31. Pour la première, l’Etat et la région Grand Est engagent 11 millions pour les différents travaux et la création d’un itinéraire de substitution. Concernant la RN44, c’est un montant de 38 millions qui a été voté, l’État offrira, lui, un apport de 10 millions. Deux millions sont alloués aux études préparatoires. 

La date butoir pour la fin de l’expérimentation est fixée au 31 décembre 2029. La région ne devrait alors plus être gestionnaire de ses axes routiers. « C’est rare que l’État prenne tout à sa charge, donc il y a moyen qu’il nous laisse gérer après ses dates, mais ce n'est pas encore certain », conclut le vice-président. Lors du second semestre de 2027, la région pourrait obtenir l’éco redevance poids lourd qui s’applique aux véhicules de 3,5 tonnes. Cela permettrait d’avoir un budget constant lors de cette période de gestion des routes.