Alors que la Meuse est d’un département où la chasse au sanglier est prédominante et attractive. En termes de taux de prélèvement, la moyenne du département est très largement supérieure à la moyenne nationale. En 2022, 16 223 sangliers ont été chassés contre les 23 958 attribués faisant un taux de réalisation à seulement 67.71% de taux de réalisation.
Avec des prélèvements en évolution constante depuis 2013, les données montrent une forte hausse depuis 2017, confirmant une pression cynégétique, c’est-à-dire qui se rapporte à la chasse, mais qui peine toujours à réduire le développement des populations de sanglier largement supérieur sur de nombreux secteurs par rapport à la capacité d'accueil du département.
Un plan d’action sur trois ans
Signé ce mercredi 29 novembre entre la préfecture de la Meuse et la Fédération Départementale des chasseurs de la Meuse, ce plan d’action de régulation du sanglier a pour objectif de formaliser le constat de la situation mais aussi de traduire l’action de l’élaboration et de la gestion des plans de chasse pour chaque lot.
Ce plan en cinq actions suivra de manière régulière l’évolution des populations sur le département, l’évolution des dégâts causés mais aussi la réalisation et la pression cynégétique.
Mesures de diminutions des populations de sangliers en Meuse
Une pression cynégétique renforcée est demandée sur les lots des massifs à enjeux avec une mise en place de battues adaptée sur les territoires de chasse concernés.
Le tir d’été à l'affût est un mode de chasse qui sera développé avec comme double objectif : limiter les dégâts et maintenir un climat d’échange avec la profession agricole.
Les points d’agrainage, c’est-à-dire de diversion, seront désormais géolocalisés pour renforcer les contrôles et identifier ceux non autorisés.
Des actions de communication seront également réalisées par la Fédération Départementale des chasseurs en incitant à protéger les cultures et à prélever les sangliers pendant les périodes de sensibilité avec un meilleur suivi de ces prélèvements.
L’Etat s’est aussi engagé à soutenir les chasseurs à travers une subvention nationale d’un montant de 65 000 000 euros de 2023 à 2025, dont plus de 3 500 000 euros pour la Meuse. En contrepartie, il est attendu un engagement significatif de la part des chasseurs pour réduire les populations.
Renforcement des moyens d’action
Les 22 lieutenants meusiens de louveterie ont pour rôle d’être médiateur de terrain lorsque la situation l’exige. Ils seront mobilisés pour assurer des tournées d’observation et de visée nocturne, prévenir les dégâts par tirs, limitant ainsi la présence des animaux dans les cultures et donc les dégâts à indemniser.
La Fédération départementale des chasseurs s’est dotée d’outils territorialisés de recueil, d’analyse et de cartographie des dégâts agricoles de gibier afin de donner tous les moyens pour atteindre les objectifs fixés.
Pour les agriculteurs, les dégâts aux cultures et aux prairies liés aux sangliers sont fortement constatés malgré une surface impactée en baisse depuis 3 ans. Néanmoins, 2 390 hectares ont été détruits de 2019 à 2022 en Meuse, pour un montant de 3 042 000 euros par an.
Pour protéger les cultures, la régulation des populations de sangliers pendant l’intersaison sera reconduite pour la campagne 2023/2024 avec le recours au tir de destruction de nuit par les chasseurs ou exploitants agricoles afin de mieux protéger les parcelles proches des secteurs à forte densité. Autorisée depuis septembre, la chasse autour des parcelles agricoles en cours de récolte sera également reconduite dès l’été 2024.
Sécurité des chasseurs et non-chasseurs
L’augmentation des actions de chasse à travers par exemple une hausse de battues, peut entraîner davantage de risques d’accident. Pour rappel, les mauvaises manipulations d'armes et le non-respect des angles de tir sont les causes principales des accidents de chasse en France.
Pour faire face à cette situation, la réglementation oblige depuis le 15 octobre 2020 à ce que les titulaires du permis de chasser aient une remise à niveau portant sur les règles élémentaires de sécurité. La Fédération départementale des chasseurs de Meuse assure cette formation de 3h30 depuis le 1er octobre 2021. A ce jour, 2 200 chasseurs ont pu en profiter et 6 000 sont encore à former.
L’Office français de la Biodiversité est également impliqué pour la sécurité des chasseurs et des non-chasseurs en rappelant le respect des règles de sécurité en action de chasse, la réglementation relative aux armes et la validation annuelle du permis de chasser.
Ce plan d’action établi doit permettre d’atteindre les objectifs communs fixés pour garantir un équilibre pour les acteurs des milieux où l’agriculture, la sylviculture et la chasse coexistent.