À l'occasion d’un déplacement sur la route départementale D1, jeudi dernier, Nicolas Lacroix, Président du Conseil départemental de Haute-Marne, a lancé un plan d’abattage massif d’arbres sur le réseau routier structurant départemental.
Sauver des vies en coupant des arbres. C’est la solution que propose le département de la Haute-Marne. Une position ferme que le président du Conseil départemental, Nicolas Lacroix, assume.
« Le Département fait de la mobilité et de la sécurité des habitants une priorité sur son réseau routier. Pour nous, les choses sont très claires : la sécurité routière et des vies sauvées valent plus que des arbres malades et dangereux », précise l’élu haut-marnais.
Pour appuyer cette décision, la Haute-Marne s’appuie sur les bilans d’accidentalités de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR). Ces études montrent que les arbres constituent l’obstacle fixe qui entraîne le plus de décès sur les routes, soit 27%.
Trop de décès sur le territoire
Les accidents routiers impliquant un arbre sont réguliers et ont souvent de graves conséquences pour les automobilistes qui font des sorties de route ou qui perdent le contrôle de leur véhicule.
Récemment, deux drames ont secoué le territoire. En Haute-Marne, le 18 décembre dernier, sur la RD1, un homme qui circulait dans le sens Forcey-Esnouveaux, a percuté un arbre et a perdu la vie après un choc très violent. Samedi 27 janvier, dans la Meuse cette fois-ci, un sexagénaire est décédé après avoir percuté un arbre en bord de route près de la commune d’Etain.
4000 arbres à abattre
Le Conseil départemental exploite, entretient et modernise un réseau constitué de près de 4 000 kilomètres de routes et consacre ainsi chaque année 20 millions d’euros à l’entretien et la modernisation du réseau routier départemental afin de garantir la sécurité des usagers de la route. Avec ce plan, ce sont près de 4 000 arbres qui pourraient être abattus le long des routes départementales.
« S’il faut couper massivement des arbres pour garantir la sécurité de nos habitants et des usagers de la route, nous n’hésiterons pas. Les arbres qui tuent n’ont plus leur place au bord de nos routes ! », a scandé Nicolas Lacroix lors de sa visite sur la D1.
Cet abattage massif devrait être accompagné de mesures compensatoires pour préserver la biodiversité, a précisé le département de la Haute-Marne.
Une annonce très controversée
L'annonce par Nicolas Lacroix a suscité une vive controverse, notamment sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, où le président a partagé sa décision, une pluie de commentaires négatifs n'a pas tardé à s'abattre, reflétant une profonde inquiétude pour l'écologie et une incompréhension face à cette mesure radicale. Parmi les critiques, l'un des commentateurs a exprimé son indignation en affirmant que « ce ne sont pas les arbres qui tuent ! C'est une ineptie de dire cela », remettant en question la logique même de la décision.
D'autres ont invoqué le code de l'environnement, soulignant l'importance des alignements d'arbres non seulement comme patrimoine culturel mais aussi pour leur rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité. La question de la légalité et de l'exemple donné par les élus a également été soulevée. « Si des élus agissent sciemment au mépris des lois, comment exiger de la société qu'elle respecte ces dernières ? », interrogeant ainsi sur la responsabilité des décideurs publics dans le respect des normes environnementales.
La décision de réaugmenter la vitesse sur certaines routes haut-marnaises à 90 km/heure a aussi été pointée du doigt comme étant contradictoire avec la volonté affichée de sécuriser les routes. « Analyse un peu contradictoire avec après avoir remis certaines routes haut-marnaises très dangereuses à 90 km/heure ». Enfin, le slogan « La Haute-Marne respire et inspire » a été remis en question. « Le slogan du département : ‘La Haute-Marne respire et inspire’ n’a plus de sens sans ces arbres des routes qui, en plus des arbres des forêts, structurent notre territoire », a déploré un internaute, marquant une profonde déception face à une initiative perçue comme allant à l'encontre des valeurs écologiques et patrimoniales du département.
En réponse à la controverse et aux critiques Nicolas Lacroix, réaffirme sa position, « la sécurité routière reste la priorité du Conseil départemental de la Haute-Marne. Entre un arbre et une vie sauvée, je prendrai mes responsabilités... une fois de plus ! », déclare-t-il, insistant sur sa nécessité de privilégier la sécurité des usagers de la route, même si cela implique des choix controversés.