La loi Rist qui encadre la rémunération des médecins intérimaires entrera en vigueur le lundi 3 avril. Désormais, les professionnels toucheront 1 400 euros brut maximum pour une garde de 24 heures. Un plafonnement qui a pour but de mettre un terme aux dérives du système.
Problème, les hôpitaux psychiatriques de la région fonctionnent avec de nombreux médecins intérimaires. Le personnel craint la fuite de ces professionnels vers les cliniques privées, où la loi ne s’applique pas.
« On a l’impression que l’on veut assassiner le service public, s’indigne Joselyne Davenne, membre du bureau de l’union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques. Sans médecin, on va laisser les familles et les patients en détresse ».
Maine de Brian en danger ?
« Le secteur de Chaumont est particulièrement touché, car nous n’avons qu’un seul médecin titulaire », déplorent Nadège Ravier et Jean Claude Matry, infirmiers au centre médical de Maine de Brian près de Chaumont. Sans personnel médical qualifié, les employés ne voient pas comment assurer le suivi des 35 patients déjà admis sur le site et des centaines d’autres sur liste d’attente.
« Nous sommes inquiets, pour les patients, les familles de patients et le personnel déjà en place, explique Sandrine Bodart, secrétaire FO du centre hospitalier de la haute marne. On ne sait pas si des sites vont être fermés, on n’a pas de communication de la part de la direction.
Le Groupement Hospitalier Coeur Grand Est se montre rassurant
Pour le GHT, la loi Rist n’aura pas un réel impact sur les hôpitaux du secteur puisqu’aucun service ne devrait fermer pour le moment. De plus, de nombreux contractuels ont récemment signé des contrats sur plusieurs années, ce qui a permis de stabiliser les équipes. Du côté de la psychiatrie, notamment sur le secteur de Chaumont, des psychiatres bragards viendront renforcer les équipes chaumontaises.
« Grâce à la mobilisation de l’agence nationale de la santé et de la direction, nous avons trouvé des solutions (…) Nous avons la chance de pouvoir compter sur l’entraide entre les sites, c’est notre marque de fabrique », exprime Jérôme Goemine, Directeur général chez GHT Coeur Grand Est.
Une situation anticipée depuis quelques semaines par l’ARS Grand Est
Depuis plusieurs semaines, l’ARS Grand Est est mobilisée avec les communautés hospitalières et les fédérations pour identifier et réduire l’impact de la mise en œuvre de ce plafonnement des rémunérations sur le système de santé. Certains remplaçants ne souhaitent plus travailler au nouveau tarif proposé, ne permettant plus l’ouverture en toute sécurité de certains services hospitaliers.
« Grâce au travail d’anticipation réalisé et aux négociations engagées avec les médecins remplaçants, la situation au 30 mars s’est largement améliorée par rapport à celle initialement projetée début février. Les établissements ont pu mobiliser les outils à leur disposition pour attirer des professionnels qui réaliseront des remplacements dans le respect du cadre réglementaire », souligne l’ARS Grand Est.
Les fédérations hospitalières ont élaboré et signé une Charte qui a pour objectifs partagés de développer les actions de solidarités entre acteurs et de respecter les plafonds de rémunération pour l’intérim médical et les contractuels. ‘Les fédérations hospitalières à travers cette Charte, en lien avec l’ARS Grand Est, ont décidé la création d’un vivier régional de praticiens et étudiants en santé volontaires pour contribuer à cette solidarité territoriale’, conclut l’ARS Grand Est.