Depuis le début de la semaine, les agriculteurs de la Meuse, de la Haute-Marne et de la Marne ont intensifié leurs mobilisations. Concurrence déloyale, question du loup et lourdeurs administratives. Tous sont exaspérés et ils le font savoir.
Haute-Marne : des cadavres de brebis devant la préfecture
À Chaumont, l’émotion était à son comble lundi soir, lorsque les Jeunes Agriculteurs ont déposé plusieurs cadavres de brebis devant la préfecture. Ces animaux, victimes d’attaques de loups dans les environs de Saint-Blin, incarnent le désarroi des éleveurs face à une situation qu’ils qualifient d’insoutenable.
« C’est un coup de colère contre les gens qui devraient normalement prendre des décisions, assure Pierre Edouard Brutel, membre de la commission ovine au sein des Jeunes Agriculteurs de Haute-Marne. En tant qu'éleveurs on se sent plus que seul. »
Les agriculteurs dénoncent l’absence de mesures concrètes pour endiguer les attaques du loup, malgré les alertes répétées. En Haute-Marne, plusieurs dizaines de brebis ont été tuées depuis le début de l’année, compromettant la survie de nombreuses exploitations.
« On ne souhaite pas l’extinction du loup, poursuit Pierre Edouard Brutel. Le loup est protégé depuis 1992, mais les élevages, eux, ne le sont pas. Les mesures de protection sont inadaptées et inefficaces ». Cette action symbolique vise à obtenir une régulation stricte des loups, avec des indemnisations adaptées aux pertes subies.
Meuse : opération panneaux pour dénoncer Mercosur
En Meuse, l’action a pris la forme d’une opération panneaux, où les agriculteurs ont multiplié les messages percutants le long des routes. Leur colère vise principalement l’accord de libre-échange Mercosur, perçu comme un coup de grâce pour les filières agricoles locales, déjà fragilisées par des normes strictes et une concurrence internationale déloyale.
Ce mardi, plusieurs centaines de panneaux ont été déposés devant la préfecture, à Bar-le-Duc. Les manifestants dénoncent également le manque de simplifications administratives promises depuis des années. Avec cette action visuelle, les professionnels du secteur espèrent marquer les esprits et attirer l’attention des élus locaux et nationaux.
Marne : deux jours de blocage
Dans la Marne, la mobilisation a commencé dès lundi, avec le blocage des principaux axes autour de Châlons-en-Champagne. Pendant deux jours, les agriculteurs ont dénoncé les nouvelles contraintes imposées par la réforme des zones vulnérables, qui impose des restrictions sur l’épandage d’engrais.
À cela s’ajoute une critique des charges fiscales et sociales qui pèsent sur les exploitations.
Le mouvement s’est achevé mardi après-midi, mais les participants n’excluent pas de nouvelles actions si leurs revendications ne sont pas prises en compte. Une rencontre avec les autorités départementales est demandée d’urgence.
Contactés, la plupart des syndicats tiennent tous le même message : « l’administration n’est pas consciente de ce qui se passe sur le terrain. On a passé beaucoup de temps avec eux pour trouver des solutions. Maintenant, on va changer de méthode. »